A PROPOS DE GBV WESTAFRICA EXPOSED

Ces témoignages de réfugié(e)s, déplacé(e)s internes et autres personnes relevant du Mandat du UNHCR ont été collectés avec leur consentement éclairé. Survivant(e)s de différentes formes de VBG, dans la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, leurs prénoms ainsi que leur pays d’origine ont été modifiés. Les photos sont illustratives.

Tchad : le témoignage de Hawa

“Au fil du temps, je me suis rendu compte que le marabout avait abusé de moi sexuellement à plusieurs reprises...”

GBV : Viol 

#Viol #LaFemmeAuneDignité 
#Tchad

Brisons le silence.
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Je suis une jeune femme réfugiée, l’ainée de ma fratrie. Je vis chez mon père mais orpheline de mère. Je n’ai malheureusement pas pu poursuivre mes études compte tenu des problèmes rencontrés à cause des conflits survenus dans mon pays d’origine. Non, je n’avais pas le moral…

Mon calvaire a commencé au mois de juin 2020 où j’ai obtenu l’autorisation de mon père pour passer quelques jours chez une tante. Une fois chez elle, je suis tombée malade au point de perdre connaissance et selon les interprétations, je suis hantée par les mauvais esprits. Ma tante a alors fait venir son marabout afin qu’il me soigne. Ce dernier m’a consulté en faisant quelques incantations. Ensuite, il m’a dit que je ne devais pas sortir de la chambre jusqu’à ce qu’il termine le traitement et que j’exécute tout ce qu’il me demande pour ma délivrance. Il venait chaque matin et chaque nuit pour me donner à boire de l’eau mélangée à des produits dont j’ignore la composition et ce, pendant plusieurs jours.

En sa présence, personne d’autre n’avait le droit d’accéder à ma chambre. Plus je buvais sa
décoction, plus mon état de santé se dégradait, je n’arrivais plus à me contrôler.

Au fil du temps, je me suis rendu compte que le marabout avait abusé de moi sexuellement à plusieurs reprises. Quand j’ai voulu réagir, il m’a dit qu’il a signé un pacte avec les esprits et que je devrais l’épouser si je veux recouvrer la santé. J’ai refusé cela malgré ses menaces, je ne prenais plus ses produits.

J’ai expliqué la situation à ma tante qui m’a accusé d’avoir consenti à l’acte sexuel parce que je suis une grande fille. Cette réaction de ma tante m’a mis dans un état dépressif jusqu’à ce qu’elle envoie appeler mon père qui m’a ramené chez lui.

Une fois à la maison, je continuais avec la dépression au point où mon père a exigé de ma tante de le mettre en contact avec le marabout ; chose qui a été faite. Lors de l’entretien avec mon père, le marabout lui a fait comprendre que tant qu’il ne m’épouse pas, je serai toujours malade, chose que mon père et moi-même avons catégoriquement refusé. Mon père a alors entamé des démarches pour me permettre de recouvrer ma santé.

J’ai d’abord été confiée aux religieux pour les prières et ensuite référée à un partenaire du HCR en charge du volet Assistance Juridique, psychosocial pour un suivi et aussi référée à un autre partenaire, médical, du HCR où un bilan médical a été fait.

J’ai eu la vie sauve grâce à l’appui psychosocial parce qu’à un moment donné, j’ai failli me suicider car je voyais mon avenir sombre et je n’arrivais pas accepter ce qui m’était arrivé.

Ensuite avec mon père, nous avons entamé des démarches auprès de la police judiciaire pour
porter plainte contre le marabout qui a effectivement été arrêté et transféré à la maison d’arrêt.
Le marabout a écopé d’une peine d’emprisonnement de 5 ans pour viol et 2 ans pour des actes de charlatanisme conformément aux lois en vigueur au Tchad.

J’encourage les femmes et filles survivantes de violences sexuelles et basées sur le genre à dénoncer ces actes criminels, abusifs. Qu’elles dénoncent pour se faire entendre et surtout réclamer justice parce que si la justice n’est pas rendue, une autre femme ou fille peut sombrer dans la même situation.
La violence basée sur le genre est un défi qui affecte la santé et bien-être des femmes et filles. Lorsque les femmes et les filles prospèrent, les familles et les sociétés prospèrent. Il est temps de mettre fin à la violence basée sur le genre et de soutenir les survivantes.

Pour en savoir plus sur le viol

1. Viol : pénétration vaginale, anale ou buccale sans consentement (même superficielle), à l’aide du pénis ou d’une autre partie du corps. S’applique également à l’insertion d’un objet dans le vagin ou l’anus.

 

2. Agression sexuelle : toute forme de contact sexuel sans consentement ne débouchant pas ou ne reposant pas sur un acte de pénétration. Entre autres exemples : les tentatives de viol, ainsi que les baisers, les caresses et les attouchements non désirés aux parties génitales ou aux fesses. Les MGF/E sont un acte de violence qui lèse les organes sexuels ; elles devraient donc être classées dans la catégorie des agressions sexuelles. Ce type d’incident n’englobe pas les viols (qui consistent en un acte de pénétration).

 

3. On considère qu’en région WCA, 1 femme sur 3 a subi une agression sexuelle, et 1 sur 5 un viol.

 

Ressources : 

 

Définitions : Outil de classement de la violence basée sur le genre (GBVIMS)

 

Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur les Violences sexuelles liées aux conflits

A PROPOS DE GBV WEST & CENTRAL AFRICA EXPOSED

Ces témoignages de réfugié(e)s, déplacé(e)s internes et autres personnes relevant du Mandat du UNHCR ont été collectés avec leur consentement éclairé. Survivant(e)s de différentes formes de VBG, dans la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, leurs prénoms ainsi que leur pays d’origine ont été modifiés. Les photos sont illustratives.