A PROPOS DE GBV WESTAFRICA EXPOSED

Ces témoignages de réfugié(e)s, déplacé(e)s internes et autres personnes relevant du Mandat du UNHCR ont été collectés avec leur consentement éclairé. Survivant(e)s de différentes formes de VBG, dans la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, leurs prénoms ainsi que leur pays d’origine ont été modifiés. Les photos sont illustratives.

République Centrafricaine : le témoignage de Philomène

“J’ai essayé de me lever et j’ai remarqué du sang couler entre mes cuisses. J’ai commencé à hurler de toutes mes forces...”

GBV : Viol / Viol collectif

#NonAuViol #RCA #JeSorsSerreine

Brisons le silence.
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Je suis enfant unique de mes parents. Ceux-ci se sont séparés depuis mon jeune âge. Je vis actuellement avec ma mère. Je suis un peu renfermée et j’ai très peu d’amies. Mon quotidien ne se limitait qu’à l’école. Je me suis arrêtée en classe de terminale. Au quotidien, j’aide ma mère dans les différentes tâches ménagères.

C’était il y a 2 ans. Un de mes jeunes voisins de quartier de la capitale, qui me faisait la cour depuis très longtemps, m’a invité à une fête, non loin de notre quartier. Ce que j’ai accepté. Ce dernier m’a tenu compagnie jusqu’à la fin de la soirée. Quand je me suis sentie prête à rentrer, j’ai cherché mon voisin mais je ne l’ai plus vu. J’ai donc décidé de rentrer seule à la maison. J’ai donc emprunté un taxi-moto.

Malheureusement, en cours de route, le taximan a heurté une autre moto, et je suis tombée. Je me suis sévèrement cognée la tête au sol et j’ai perdu connaissance.

A mon réveil le lendemain, je me suis rendu compte que je n’étais pas chez moi à la maison. Je ressentais de violents maux de tête et je me suis vue entourée de 3 garçons, dont mon voisin qui m’avait invité la veille. Je leur ai aussitôt posé la question de savoir comment j’ai « atterri » à cet endroit et ce qu’ils faisaient tous autour de moi.

Ils se sont mis à me raconter ce qui s’était passé la veille. Selon eux, quand l’accident s’est produit, ils sont arrivés sur les lieux et mon voisin, qui m’avait tout de suite reconnu a décidé avec ses amis, de me transporter jusqu’à mon domicile.

Peu après ce récit, partagé par les 3 garçons, j’ai commencé à sentir des douleurs atroces au bas ventre.

J’ai essayé de me lever et j’ai remarqué du sang couler entre mes cuisses. J’ai commencé à hurler de toutes mes forces. J’ai constaté ensuite que je n’arrivais pas à tenir sur mes deux pieds. J’avais l’impression de planer. J’ai alors compris, immédiatement, que les 3 jeunes garçons m’avaient drogué et avaient abusé de moi.

J’ai essayé de m’enfuir mais je ne n’arrivais pas à me tenir debout. Les 3 jeunes garçons ayant peur que quelqu’un ne vienne les découvrir en présence de moi, ont pris la fuite et m’ont laissé seule dans la pièce. Je n’ai pas réussi à me lever pour sortir, et j’ai continué de hurler de toutes mes forces jusqu’à l’arrivée d’une “Maman” qui m’a prêté main-forte. Elle m’a habillé, m’a porté sur son dos et m’a conduite, au centre de santé le plus proche. Elle a ensuite contacté ma mère.

A l’issue de ce viol collectif, je suis tombée enceinte. Je suis mère d’une fillette de 2 ans. Je souffre depuis de paralysie totale, en conséquence de ce viol. Cela fait 2 ans aujourd’hui que je ne tiens pas debout.

Après que j’ai parlé de mon problème avec les humanitaires, j’ai bénéficié d’un appui psychosocial et d’un suivi médical renforcé car en plus de la prise en charge clinique post-viol, le HCR a pris en charge mes sessions de rééducation (paralysie).

J’ai aussi bénéficié d’une assistance pré et post natale avec une ONG. Ma mère et moi avons prefere ne pas porter plainte.

La violence basée sur le genre est un défi qui affecte la santé et bien-être des femmes et filles au Mali. Lorsque les femmes et les filles prospèrent, les familles et les sociétés prospèrent. Il est temps de mettre fin à la violence basée sur le genre et de soutenir les survivantes.

Pour en savoir plus sur le viol

1. Viol : pénétration vaginale, anale ou buccale sans consentement (même superficielle), à l’aide du pénis ou d’une autre partie du corps. S’applique également à l’insertion d’un objet dans le vagin ou l’anus.

 

2. Agression sexuelle : toute forme de contact sexuel sans consentement ne débouchant pas ou ne reposant pas sur un acte de pénétration. Entre autres exemples : les tentatives de viol, ainsi que les baisers, les caresses et les attouchements non désirés aux parties génitales ou aux fesses. Les MGF/E sont un acte de violence qui lèse les organes sexuels ; elles devraient donc être classées dans la catégorie des agressions sexuelles. Ce type d’incident n’englobe pas les viols (qui consistent en un acte de pénétration).

 

3. On considère qu’en région WCA, 1 femme sur 3 a subi une agression sexuelle, et 1 sur 5 un viol.

 

Ressources : 

 

Définitions : Outil de classement de la violence basée sur le genre (GBVIMS)

 

Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur les Violences sexuelles liées aux conflits

A PROPOS DE GBV WEST & CENTRAL AFRICA EXPOSED

Ces témoignages de réfugié(e)s, déplacé(e)s internes et autres personnes relevant du Mandat du UNHCR ont été collectés avec leur consentement éclairé. Survivant(e)s de différentes formes de VBG, dans la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, leurs prénoms ainsi que leur pays d’origine ont été modifiés. Les photos sont illustratives.