Ces témoignages de réfugié(e)s, déplacé(e)s internes et autres personnes relevant du Mandat du UNHCR ont été collectés avec leur consentement éclairé. Survivant(e)s de différentes formes de VBG, dans la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, leurs prénoms ainsi que leur pays d’origine ont été modifiés. Les photos sont illustratives.
Je suis une femme dans la trentaine, et mère de trois petits enfants, toutes des filles. Je suis originaire de (pays de la région en conflit) où j’ai perdu mon mari et mes trois garçons tués par un groupe armé.
Je suis arrivée au Cameroun en compagnie de ma fille aînée. A mon arrivée à (XX), déboussolée et ne connaissant personne, ma fille et moi avons été accueillies et hébergées par un compatriote. Une nuit, ce dernier a abusé sexuellement de moi et je me suis retrouvée enceinte de ma deuxième fille
Mes enfants et moi avons continué malgré tout à vivre avec lui et c’est ainsi qu’il est devenu mon partenaire de vie car je n’ai plus de famille et je ne connais personne au Cameroun. Deux ans plus tard, j’ai mise au monde ma troisième fille.
Par la suite, le père de mes deux plus jeunes enfants a commencé à me taper à tel point que je perdais connaissance. Il le faisait à la maison et même en route devant les gens ; il a un jour arraché mon téléphone et l’a cassé. Ce sont des voisins qui venaient l’arrêter.
Il a même proféré des menaces de mort contre les enfants et moi. Un jour, je me suis rendue au foyer communautaire où j’ai discuté avec une travailleuse sociale du partenaire social du HCR. Après m’avoir écoutée, elle m’a conseillé d’aller au poste de police de mon lieu de résidence pour porter plainte contre lui et m’a recommandé de déménager avec les enfants afin que nous puissions être en sécurité, ce que j’ai fait.
Elle m’a également orientée vers le partenaire santé du HCR, car à cause de ses multiples bastonnades et mes pertes de connaissance, j’ai désormais de violentes douleurs au niveau du dos et j’ai quelque fois des pertes de mémoire.
Bien que la police recherche toujours le père de mes deux plus jeunes enfants qui s’est volatilisé et que je continue à vivre avec une certaine peur, j’ai depuis lors eu plusieurs séances de counseling avec la travailleuse sociale qui suit mon cas et cela m’a permis de recouvrer ma confiance en moi et d’avancer.
Le partenaire social du HCR m’a accompagnée afin que je puisse scolariser mes deux filles aînées, qui bénéficient de l’assistance scolaire accordées aux enfants réfugiés et me verse chaque trois mois une assistance financière régulière. Cette assistance m’a permis de commencer une petite activité de vente de vivres frais (tomates, oignons, etc.).
Par mon histoire, je voudrais appeler les femmes et les filles battues par leur partenaire à dénoncer de telles situations car ce n’est pas parce qu’il s’agit de nos maris ou partenaires de vie qu’ils ont le droit de nous malmener. Nous, les femmes, les filles, épouses, nous avons également des droits et nous sommes protégées par la loi et les institutions.
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1. Viol : pénétration vaginale, anale ou buccale sans consentement (même superficielle), à l’aide du pénis ou d’une autre partie du corps. S’applique également à l’insertion d’un objet dans le vagin ou l’anus.
2. Agression sexuelle : toute forme de contact sexuel sans consentement ne débouchant pas ou ne reposant pas sur un acte de pénétration. Entre autres exemples : les tentatives de viol, ainsi que les baisers, les caresses et les attouchements non désirés aux parties génitales ou aux fesses. Les MGF/E sont un acte de violence qui lèse les organes sexuels ; elles devraient donc être classées dans la catégorie des agressions sexuelles. Ce type d’incident n’englobe pas les viols (qui consistent en un acte de pénétration).
3. On considère qu’en région WCA, 1 femme sur 3 a subi une agression sexuelle, et 1 sur 5 un viol.
Ressources :
Définitions : Outil de classement de la violence basée sur le genre (GBVIMS)
Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur les Violences sexuelles liées aux conflits